Décider de s'expatrier

S’expatrier. Y penser, c’est une chose. C’est facile et agréable. Même plutôt cool. Qui n’a pas déjà rêvé d’aller vivre ailleurs? De changer de vie. Le plus souvent, ces pensées naissent lors d’un voyage.

Elles viennent des souvenirs de la veille que l’on se remémorent en prenant son café matinal. Du coucher de soleil que l’on regarde les deux pieds dans le sable. Du repas délicieux que l’on déguste dans une ruelle tamisée. Des effluves exotiques et des couleurs vives qui émanent des étals des marchés locaux. Du journal que l’on remplit le soir avant de trouver les bras de Morphée, question de ne rien oublier. Les pensées surgissent de partout. Le voyage enivre. Nos sens sont en état d’ivresse. Il devient facile de se projeter. De fantasmer sur une nouvelle vie. 

Mais fait est que, rarement, les voyages représentent la réalité du quotidien. Celui qui revient sans cesse et qui nous rappelle assez rapidement que tout voyage a une fin. Malheureusement.  

Décider de s’expatrier, c’est une tout autre chose. C’est à la fois excitant et troublant. Même déroutant. Ça donne le vertige, quoi qu'il en soit... S’expatrier, c’est quitter tout ce qu’on connaît. Sa famille, ses amis, sa maison, sa patrie. Il vient de là l'étourdissement. C’est se lancer dans le vide. Et même si on sait que le nouveau quotidien va nous rattraper, ça sème l'effroi. Faire le grand saut doit donc inévitablement venir d’un long processus.

Le mien a été déclenché par un désir profond de changer de vie. De s’éloigner du brouhaha de la vie citadine moderne. D'avoir une vie plus simple, centrée sur la nature. Ensuite est venu s’ajouter un fantastique coup de coeur pour le Costa Rica. Assez fort pour sentir un lien se nouer. Un lien qui s’est consolidé après une immersion de plusieurs mois. Tout est devenu clair ensuite. Pour vivre l’expatriation de la meilleure façon qui soit, ça prend un projet. Pour s’enraciner, pour créer des liens, pour donner un sens à cette nouvelle vie. Et bien honnêtement, pour justifier celle que tu abandonnes. 

Décider de s’expatrier, c’est assumer que ta vie ne sera plus jamais la même. C’est accepter qu’une dualité va s'immiscer en toi. C’est à la fois échapper à une partie importante de ta vie et construire minutieusement la nouvelle. Le sentiment ressenti est profondément ambivalent. 

S’expatrier, c’est devenir étrangère dans le pays que tu as choisi et un peu aussi dans le pays que tu quittes.

S’expatrier, c’est accepter la différence. Encore mieux, c’est la choisir.

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Je m'appelle Joëlle et je suis une expat basée à Playa Avellanas au Costa Rica. Je partage mes réflexions d'étrangère et j'écris sur la vie que j'ai choisie, celle dont j'ai tant rêvée. Suis-moi dans cette belle aventure et découvre ton étrangère à toi.